marché du vieux-port
En 2019, la Ville a fermé et démoli le marché du Vieux-Port et a déménagé les étales dans le Grand Marché sur le site d’Expo-Cité. Le CCVQ s’est toujours opposé à ce grand dérangement. Il a produit un rapport exposant sa position et est intervenu à de nombreuses reprises sur différentes tribunes.
Le Marché du Vieux-Port, auparavant le marché St-Roch, était le plus ancien marché urbain de Québec encore actif. Il était établi sur le bord du bassin Louise depuis 1987. En 2016, la Ville a pris la décision de fermer ce marché très animé et fréquenté et de déménager les étales dans le futur Grand Marché en construction sur le site d’ExpoCité. Dès le début de ce projet, le CCVQ s’est opposé à ce « grand dérangement ». Au cours des dernières années, plusieurs actions ont été entreprises pour tenter de faire renverser cette décision.
Un peu d’histoire
Le marché du Vieux-Port, alias marché St-Roch, n’en était pas à son premier déplacement. La mouvance fait partie de son histoire tout autant que sa dénomination a changé au gré des déménagements.
En 1857, l’ancêtre du marché était installé sur la Place Jacques-Cartier où se trouve aujourd’hui la Bibliothèque Gabrielle-Roy. Les halles et le marché Jacques-Cartier demeurent à cet endroit jusqu’en 1910 lorsque les halles sont détruites par un incendie. Le marché est par la suite déplacé au bord de la rivière St-Charles près du pont Drouin et prend le nom de marché St-Roch. Il ne bougera plus de cet emplacement jusqu’en 1977. Tous les bébés boomers se souviennent de l’ambiance et de l’activité qui régnaient à cet endroit magique qui permettait un accès direct avec les agriculteurs et les producteurs maraîchers des environs de Québec. C’était le seul marché public en activité à Québec. Une visite à cet endroit était une visite à la campagne. Les produits étaient installés sous des marquises le long de plusieurs allées; aucune halle n’avait été construite. De plus, il était possible de marchander le prix des produits, ce qui donnait lieu à de vives discussions.
Les travaux de réaménagement des berges de la rivière St-Charles et de l’autoroute Laurentienne ainsi que le développement immobilier du secteur ont forcé le déménagement du marché qui est devenu itinérant. Il sera d’abord installé à la Gare du Palais, qui était désaffectée à cette époque suite au retrait des voies ferrées du centre-ville quelques années auparavant, puis au parc Victoria en 1984.
En 1987, le marché prend racine dans un nouveau bâtiment sur le bord du bassin Louise et est devenu le Marché du Vieux-Port. Le bâtiment dans lequel se trouvait le marché s’inspirait des halles du XIXe siècle. Il était en harmonie avec son environnement naturel au bord de l’eau et des quais ainsi que des vieux édifices qui se retrouvent à proximité.
La fréquentation du marché était importante et a entraîné en 1997 son ouverture à l’année où plus de vingt commerçants fidélisaient la clientèle durant les mois d’hiver. De plus, à partir de 1998, le lieu était occupé par le Marché de Noël qui attirait les citoyens de tous les quartiers à la recherche de produits fins pour leurs agapes des fêtes et d’idées cadeaux auprès des 70 marchands.
Quelques données sur le marché
Le marché du Vieux-Port était localisé près des quartiers Vieux-Québec Haute-Ville, Vieux-Québec Basse-Ville, quartier Petit-Champlain, Cap-Blanc ainsi que des quartiers St-Roch et St-Jean-Baptiste. Les citoyens de ces quartiers peuvaient s’y rendre facilement à pied. Étant situé tout près de Place-Royale et des quartiers centraux, il était très accessible pour les touristes et les croisiéristes qui débarquent à Québec. Les croisiéristes, dont le nombre ne cesse de s’accroître, sont plus de 200 000 personnes. À cette clientèle, s'ajoutaient les plaisanciers de la Marina du bassin Louise, qui regroupe 396 places et au minimum 800 personnes.
L’offre du Marché était très variée. En haute saison des récoltes, plus d’une cinquantaine de producteurs avaient des étales pour présenter leurs produits. Il était possible de se procurer, entre autres, des oeufs de caille, des produits de canard et d’oie, des charcuteries, des pâtés et des terrines, des saucisses fraîches, des mousses, des poissons et des fruits de mer frais, une variété de fromages québécois, des pains et des croissants frais, des desserts, des bières de micro-brasseries et des vins du terroir, sans oublier des légumes saisonniers et des petits fruits locaux, des pâtes et des sauces, des aromates et des épices ainsi que des produits transformés (tartes, confitures, marinades). Au début de la saison estivale, de nombreux horticulteurs occupaient les lieux pour offrir leurs fleurs et des jardinières.
Les résidents du Vieux-Québec et les touristes pouvaient donc y faire leurs emplettes régulièrement et le fréquentaient assidûment.
Le Marché du Vieux-Port, auparavant le marché St-Roch, était le plus ancien marché urbain de Québec encore actif. Il était établi sur le bord du bassin Louise depuis 1987. En 2016, la Ville a pris la décision de fermer ce marché très animé et fréquenté et de déménager les étales dans le futur Grand Marché en construction sur le site d’ExpoCité. Dès le début de ce projet, le CCVQ s’est opposé à ce « grand dérangement ». Au cours des dernières années, plusieurs actions ont été entreprises pour tenter de faire renverser cette décision.
Un peu d’histoire
Le marché du Vieux-Port, alias marché St-Roch, n’en était pas à son premier déplacement. La mouvance fait partie de son histoire tout autant que sa dénomination a changé au gré des déménagements.
En 1857, l’ancêtre du marché était installé sur la Place Jacques-Cartier où se trouve aujourd’hui la Bibliothèque Gabrielle-Roy. Les halles et le marché Jacques-Cartier demeurent à cet endroit jusqu’en 1910 lorsque les halles sont détruites par un incendie. Le marché est par la suite déplacé au bord de la rivière St-Charles près du pont Drouin et prend le nom de marché St-Roch. Il ne bougera plus de cet emplacement jusqu’en 1977. Tous les bébés boomers se souviennent de l’ambiance et de l’activité qui régnaient à cet endroit magique qui permettait un accès direct avec les agriculteurs et les producteurs maraîchers des environs de Québec. C’était le seul marché public en activité à Québec. Une visite à cet endroit était une visite à la campagne. Les produits étaient installés sous des marquises le long de plusieurs allées; aucune halle n’avait été construite. De plus, il était possible de marchander le prix des produits, ce qui donnait lieu à de vives discussions.
Les travaux de réaménagement des berges de la rivière St-Charles et de l’autoroute Laurentienne ainsi que le développement immobilier du secteur ont forcé le déménagement du marché qui est devenu itinérant. Il sera d’abord installé à la Gare du Palais, qui était désaffectée à cette époque suite au retrait des voies ferrées du centre-ville quelques années auparavant, puis au parc Victoria en 1984.
En 1987, le marché prend racine dans un nouveau bâtiment sur le bord du bassin Louise et est devenu le Marché du Vieux-Port. Le bâtiment dans lequel se trouvait le marché s’inspirait des halles du XIXe siècle. Il était en harmonie avec son environnement naturel au bord de l’eau et des quais ainsi que des vieux édifices qui se retrouvent à proximité.
La fréquentation du marché était importante et a entraîné en 1997 son ouverture à l’année où plus de vingt commerçants fidélisaient la clientèle durant les mois d’hiver. De plus, à partir de 1998, le lieu était occupé par le Marché de Noël qui attirait les citoyens de tous les quartiers à la recherche de produits fins pour leurs agapes des fêtes et d’idées cadeaux auprès des 70 marchands.
Quelques données sur le marché
Le marché du Vieux-Port était localisé près des quartiers Vieux-Québec Haute-Ville, Vieux-Québec Basse-Ville, quartier Petit-Champlain, Cap-Blanc ainsi que des quartiers St-Roch et St-Jean-Baptiste. Les citoyens de ces quartiers peuvaient s’y rendre facilement à pied. Étant situé tout près de Place-Royale et des quartiers centraux, il était très accessible pour les touristes et les croisiéristes qui débarquent à Québec. Les croisiéristes, dont le nombre ne cesse de s’accroître, sont plus de 200 000 personnes. À cette clientèle, s'ajoutaient les plaisanciers de la Marina du bassin Louise, qui regroupe 396 places et au minimum 800 personnes.
L’offre du Marché était très variée. En haute saison des récoltes, plus d’une cinquantaine de producteurs avaient des étales pour présenter leurs produits. Il était possible de se procurer, entre autres, des oeufs de caille, des produits de canard et d’oie, des charcuteries, des pâtés et des terrines, des saucisses fraîches, des mousses, des poissons et des fruits de mer frais, une variété de fromages québécois, des pains et des croissants frais, des desserts, des bières de micro-brasseries et des vins du terroir, sans oublier des légumes saisonniers et des petits fruits locaux, des pâtes et des sauces, des aromates et des épices ainsi que des produits transformés (tartes, confitures, marinades). Au début de la saison estivale, de nombreux horticulteurs occupaient les lieux pour offrir leurs fleurs et des jardinières.
Les résidents du Vieux-Québec et les touristes pouvaient donc y faire leurs emplettes régulièrement et le fréquentaient assidûment.
Tableau 1 Achalandage et
revenu brut pour du Marché
Source : rapports annuels du Marché du Vieux-Port
Le tableau 1 montre l’évolution de l’achalandage et des revenus du Marché de 2009 à 2016. L’achalandage annuel moyen du Marché s’était accrue pour dépasser les 1 200 000 personnes. Les revenus bruts avaient grandement augmenté passant de 857 537 $ à 1 386 000 $.
La présence du Marché du Vieux-Port, bien implantée dans son milieu, constituait donc une entreprise importante pour l’économie du Vieux-Québec.
Chronologie du projet de Grand Marché
Actions entreprises pour conserver le Marché du Vieux-Port
En plus des actions spécifiques décrites ci-après, à plusieurs reprises au cours des dernières années, le CCVQ s’est présenté en délégation au Conseil municipal et aux assemblées du Conseil d’arrondissement La Cité-Limoilou pour faire valoir sa position sur la fermeture du Marché du Vieux-Port.
Un marché saisonnier au Vieux-Port
Le 5 novembre 2018, lors d’une conférence de presse à l’Hôtel de Ville, le CCVQ apprenait avec étonnement que ses démarches et sa ténacité portées à bout de bras au cours des dernières années avaient porté fruit. En effet, contre toute attente, la Ville annonçait à la surprise générale que le projet tant promu par le maire d’un marché saisonnier à la place de Paris était finalement abandonné. La place de Paris serait plutôt réaménagée en place publique conviviale.
Les raisons justifiant cette volte-face sont les risques récurrents d’inondation printanières qui empêchent tout enfouissement électrique, les forts vents qui sévissent régulièrement sur la place et l’incongruité des auvents temporaires au coeur d’un site historique entouré d’édifices patrimoniaux. Ce sont tous des arguments qui avaient déjà été énoncés par les opposants au projet du maire.
La Ville annonçait que le marché saisonnier serait aménagé sur le site actuel du Marché du Vieux-Port. Le bâtiment existant serait malheureusement démoli et remplacé par une tente temporaire. Le marché saisonnier regrouperait 20 commerçants et serait ouvert du jeudi au dimanche de mai à octobre.
Cette conclusion ne satisfaisait pas complètement le CCVQ. Certes nous conservions un marché sur le site actuel du Vieux-Port. Nous osions croire que les dernières interventions du 17 septembre au Conseil municipal avaient fait réfléchir la Ville. Par contre, les résidants du Vieux-Québec perdaient au change. Nous perdions un marché permanent ouvert à l’année et nous perdions une offre abondante de commerçants. Cette « demi-victoire » du CCVQ et de tous ses partenaires qui l’ont accompagné au cours de cette lutte était douce amère.
Tout en considérant le revirement important effectué par la Ville, le CCVQ avait l'intention de continuer d'oeuvrer afin d’obtenir un marché permanent au Vieux-Port.
Le 1er avril 2019, lors d’une visite du chantier, la Ville annonçait la date d’ouverture du Grand Marché et du même coup le couperet tombait sur le marché du Vieux-Port. Son arrêt de mort était signé pour le 12 juin 2019. De plus, sa démolition serait très rapide pour éliminer tout espoir de retour. Sur le site, la Ville prévoyait aménager dans les jours suivants un marché saisonnier, sous la tente, qui serait une pâle vitrine du Grand Marché et loin derrière l’offre alimentaire qui était encore disponible quelques mois auparavant.
En réaction à cette annonce, le 6 avril, le CCVQ exprimait dans le quotidien Le Soleil son amertume et rappelait toutes les démarches entreprises aux cours des années pour conserver le marché au Vieux-Port. Le CCVQ évoquait également la perte d’un service de proximité essentiel pour le quartier.
Démarche juridique contre la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port
Le 13 mai 2019, Me François Marchand, avocat spécialisé en droit municipal et résident du Vieux-Québec, déposait à la Cour supérieure une demande d’injonction interlocutoire contre la Ville et la Coopérative des Horticulteurs de Québec. Il souhaite obtenir une ordonnance pour empêcher la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port. Il appuie sa demande sur l’entente intervenue en 1987 entre la Ville et le Gouvernement fédéral lors de la vente du terrain où est situé le marché.
Selon Me Marchand, l’entente précise que la Ville doit y maintenir un marché public, ce que ne serait pas un marché saisonnier tel que le projette l’administration municipale. Il s’agit alors d’un préjudice qui prive les citoyens du secteur d’un véritable marché. De plus, la démolition rapide du bâtiment empêcherait le rétablissement d’un marché si la cour entendait la cause et lui donnait raison.
Par la voie d’une lettre parue dans Le Soleil du 16 mai, le CCVQ a donné son appui à cette ultime tentative de conserver au Vieux-Port un marché public de proximité pour les résidents du Vieux-Québec.
Le 7 juin 2019, la demande de Me Marchand a été entendue à la Cour supérieure:
Entre temps, la juge a exigé que la Ville s’engage à ne pas démolir le bâtiment d’ici cette date et aussi longtemps que le jugement sur la requête en irrecevabilité n’aura pas été émis. La juge a aussi exigé que la Ville s’engage à maintenir les services (électricité, eau) dans le bâtiment tant qu’il ne sera pas démoli. La juge a aussi exigé que la Ville s’engage à permette aux marchands qui le désireront de demeurer dans le bâtiment en attente du jugement sur la requête.
Mince victoire pour les résidents. Même si le marché pouvait demeurer ouvert jusqu’au 20 juin, la majorité des marchands avaient déjà quitté les lieux pour s’installer au Grand Marché.
Lors de l’audience du 20 juin, la Ville n’a pas réussi à faire rejeter la recevabilité du pourvoi de Me Marchand. La juge a écouté les plaidoiries de chacune des parties. Devant l’insistance de la Ville, qui voulait démolir rapidement le bâtiment, la juge a répondu qu’elle prendrait le temps qu’il faudrait pour rédiger son jugement. Tant que le jugement final n’était pas rendu, la Ville devait maintenir le bâtiment en bon état et ne pas l’altérer. En réaction à cette décision, le conseiller Jean Rousseau a mentionné qu’il demanderait à la Ville d’installer le marché saisonnier dans le bâtiment actuel.
Le 2 juillet 2019, la Coopérative des Horticulteurs de Québec annonçait, qu’en raison de la démarche juridique et de l’impossibilité de démolir le bâtiment du Marché du Vieux-Port, l’aménagement d’un marché saisonnier tant promis était reporté à 2020.
Le CCVQ a exprimé sa grande déception dans une lettre parue dans Le Soleil du 4 juillet. Cette décision privait les résidents d’un accès à des produits maraîchers frais dans leur quartier; les citoyens attendaient cet équipement. Nous ne comprenions pas pourquoi le marché saisonnier ne pouvait pas être installé dans une section du bâtiment actuel au Vieux-Port. Quelques semaines auparavant, les marchands et les producteurs y étaient installés. Le bâtiment n’était pas sur le point de s’effondrer. Il pouvait servir encore une saison en attendant que les procédures judiciaires soient complétées. Nous demandions donc à la Ville de considérer cette proposition afin de respecter son engagement.
Le 4 juillet, la Cour supérieure a rejeté la demande en irrecevabilité de la Ville et interdisait à l’administration municipale de démolir le bâtiment. L’audition de la demande d’injonction permanente était reportée à l’automne.
Entre temps, plusieurs citoyens se sont exprimé dans les journaux quant à la perte du Marché du Vieux-Port.
Le 15 novembre 2019, la Cour supérieure a rejeté la demande d’injonction permanente de Me Marchand. Ses prétentions à l’effet que le marché saisonnier prévu par la Ville sur le site ne correspondait pas à l’entente de 1987 entre la Ville et le Gouvernement fédéral n’ont pas été retenues. Selon le magistrat, considérant que l’entente ne décrit pas le type de marché qui devait être aménagé sur le site, chacune des parties respectait donc l’esprit du contrat qui les liait.
Le 10 décembre 2019, Me Marchand indiquait qu’il renonçait à faire appel, ce qui mettait fin à la saga judiciaire du Marché du Vieux-Port.
Dernier geste d’appui
Le 11 juin 2019, pour souligner la fermeture officielle du Marché du Vieux-Port, le CCVQ a organisé un pique-nique sur les lieux. Même si seulement quelques citoyens ont pu se présenter malgré le mauvais temps, la symbolique du geste était importante pour montrer notre attachement et notre volonté de maintenir les activités jusqu’à la fin. En quittant les lieux, le CCVQ a salué et remercié chacun des quelques marchands qui étaient encore présents.
Le même jour, le CCVQ faisait paraître dans Le Soleil une lettre de remerciement de la part des résidents du quartier et des citoyens de Québec à tous les marchands et les producteurs maraîchers qui avaient oeuvré sur le site du Marché du Vieux-Port au cours des trente dernières années.
Le 12 juin 2019, le Marché du Vieux-Port cessait officiellement ses opérations. Le bâtiment avait été vidé de tous ses occupants et le lieu était désert.
Démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port
Le 2 décembre 2019, le Conseil municipal a entériné la décision de soumettre au Conseil d’agglomération l’autorisation pour la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port.
Le conseiller Jean Rousseau a mentionné sa déception quant à cette décision soulignant que le bâtiment qui n’a jamais fait l’objet d’une analyse pour justifier sa démolition ne soit pas recyclé pour servir à d'autres usages au bénéfice des résidents du quartier. À cela, Mme Marie-José Savard, vice-présidente du Comité exécutif de la Ville, a indiqué que le bâtiment avait manqué « d’amour » au cours des années et qu’il était préférable de le démolir pour faire place à quelque chose d’exceptionnel car la Ville avait de grandes ambitions pour le site. Le CCVQ s’est interrogé sur la signification du « quelque chose d’exceptionnel » car aucune autre explication n’a alors été fournie.
Le chef de l’opposition et les conseillers indépendants se sont levé pour mentionner leur désarroi sur la démolition du bâtiment et la désolation du lieu. Ils ont aussi voté contre la démolition du bâtiment!
Le vendredi 13 décembre 2019 débutait la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port.
Le CCVQ, accompagné du conseiller Jean Rousseau et de Me Marchand, était sur place pour assister à l’opération. Le CCVQ a fait part de sa tristesse aux médias qui étaient présents pour témoigner de « l’évènement » et de la fin d’une époque.
En décembre et janvier, le CCVQ est allé régulièrement sur le site de démolition voir l’avancement de la destruction. Le 17 décembre, il a constaté que les enseignes du marché étaient remisées à l’intérieur de l’édifice. Semblant toujours être en bon état, le CCVQ en informa le conseiller Jean Rousseau en lui proposant qu’elles pourraient être récupérées et être utilisées par la Ville pour le marché saisonnier. Elles pourraient aussi être envoyées au Musée de la civilisation; elles sont des objets historiques et constituent une page d’histoire de la Ville. M. Rousseau a communiqué avec la Ville pour les sensibiliser à la situation. Le 20 décembre, le CCVQ a constaté que les enseignes n’étaient plus dans le bâtiment. Pour l’instant, le CCVQ ignore ce qu’elles sont devenues.
La démolition du bâtiment a été complétée au début de janvier 2020.
En avril 2020, une fois la neige fondue, une visite sur les lieux a montré la désolation qui subsiste après la démolition du bâtiment. Seuls vestiges de l’existence d’un marché: un panneau décrivant les anciens marchés de Québec et une plaque de rue indiquant le nom de la place aménagée à l’avant du bâtiment (voir photos.)
Le tableau 1 montre l’évolution de l’achalandage et des revenus du Marché de 2009 à 2016. L’achalandage annuel moyen du Marché s’était accrue pour dépasser les 1 200 000 personnes. Les revenus bruts avaient grandement augmenté passant de 857 537 $ à 1 386 000 $.
La présence du Marché du Vieux-Port, bien implantée dans son milieu, constituait donc une entreprise importante pour l’économie du Vieux-Québec.
Chronologie du projet de Grand Marché
- 11 janvier 2010; le CCVQ se réjouit que la Ville ait décidé de maintenir le Marché du Vieux-Port en bordure du bassin Louise. La Ville prévoit réaliser des travaux qui permettront une augmentation de l’espace pour les commerçants, de meilleures installations de services et une amélioration importante de la façade du bâtiment.
- 24 février 2011; lors de l’assemblée générale de l’organisme, la Coopérative des horticulteurs de Québec est confiante que le projet de rénovation du Marché se réalisera.
- 5 mars 2013; lors de l’assemblée générale de l’organisme, les administrateurs de la Coopérative des horticulteurs de Québec mentionnent que les tests de capacité portante réalisés confirment que le sol peut supporter un édifice de 2 ou 3 étages. Ils mentionnent également que la Ville engagera un architecte pour produire les plans pour les travaux de rénovation du bâtiment indiquant du même coup que le Marché demeurera sur le site actuel.
- 28 juin 2013; la Ville signe un contrat de cession, pour la somme symbolique de 2 $, avec le Gouvernement du Canada pour régulariser le fait que le Marché du Vieux-Port a été construit sur des terrains qui ne lui appartenaient pas (DE2013-066). Le contrat stipule que la Ville doit y maintenir un marché public.
- Décembre 2014; la Ville de Québec prévoit une somme de 5 500 000 $ dans son plan triennal d’immobilisation (PTI) pour procéder à des rénovations au Marché du Vieux-Port au cours des trois prochaines années.
- 20 avril 2015; Daniel Gélinas dépose le rapport de son comité mandaté par la Ville pour étudier les moyens de dynamiser le site ExpoCité. Il y recommande, entre autre, l’aménagement d’un marché public afin de faire vivre le site à l’année. Le rapport est cependant muet à savoir si la proposition d’un marché signifie le déménagement du Marché du Vieux-Port.
- 11 mai 2015; dans le sommaire décisionnel DE2015-072, des fonctionnaires de la Ville affirment : « Des interventions mineures seront à prévoir si les autorités désirent conserver des activités de marché public à cet endroit ».
- 30 septembre 2015; le sommaire décisionnel DE 2005-096 fait mention des plans de rénovation du marché que la Ville a fait réalisés par une firme privée. En plus des travaux réalisés par phase aux différents ailes du bâtiment, une mezzanine est prévue.
- Octobre 2015, après avoir visité le marché Jean-Talon à Montréal et les marchés de Longueuil et St-Hyacinthe, les administrateurs de la Coopérative des horticulteurs de Québec rédigent un document en lien avec le projet du Grand Marché Nouveau marché; projet unique, novateur et attractif.
- 24 février 2016; lors de l’assemblée générale de l’organisme, la Coopérative des horticulteurs de Québec fait état des rumeurs concernant le déménagement du marché, mais les administrateurs indiquent que les discussions qu’ils ont eues avec la Ville en 2015 étaient à l’effet de maintenir le site actuel du marché.
- Avril 2016: la Ville annonce officiellement la fermeture du Marché du Vieux-Port et présente le projet du Grand Marché, qui prendra place dans le pavillon du Commerce sur le site ExpoCité. Pour justifier cette décision, le maire donne comme raison principale la pollution du site qui empêche toute construction ou agrandissement du bâtiment. De plus, la Ville annonce que le développement et l’exploitation du nouveau marché a été confié à la Coopérative des horticulteurs de Québec.
- Décembre 2016; le consortium Atelier Pierre Thibault et Bisson & associés remporte l’appel d’offres pour l’élaboration du projet du Grand Marché.
- 13 décembre 2016; le maire réplique hargneusement à la sortie du chef Daniel Vézina, qui s’oppose à la fermeture du Marché du Vieux-Port, et n’accorde aucune crédibilité à ses arguments.
- 21 décembre 2016; dans une entrevue au journal Le Soleil, la Coopérative des horticulteurs de Québec révèle que 96% des commerçants actuels (67 des 70 membres) sont d’accord avec le déménagement du Marché du Vieux-Port au Grand Marché et ont signé une lettre d’intention pour s’y installer.
- 22 février 2017; lors de l’assemblée générale de l’organisme, les administrateurs de la Coopérative des horticulteurs de Québec informent leurs membres qu’ils participeront avec la Ville à la préparation du transfert du marché à ExpoCité.
- 8 juin 2017; la Ville rend public le concept du Grand Marché. Pour pallier à la fermeture du Marché du Vieux-Port, la Ville aménagera sur la place de Paris un marché saisonnier regroupant sous des auvents 15 commerçants qui offriront des produits prisés des touristes.
- 20 juin 2017; le maire rétorque à la procédure judiciaire déposée par Me François Marchand en disant que « la requête ne tient pas debout ».
- 27 février 2018; le maire réfute les résultats du sondage effectué par Radio-Canada quand à l’appui mitigé de la population envers le futur Grand Marché.
- 5 novembre 2018; la Ville invite les représentants des médias à une annonce concernant le marché saisonnier du Vieux-Port et la place de Paris. Retournement de situation. La Ville annonce que le marché saisonnier prévu à la place de Paris sera aménagé sur le site actuel du Marché du Vieux-Port. Les bâtiments existants seront démolis et remplacés par une tente temporaire. Le marché saisonnier regroupera 20 commerçants et sera ouvert du jeudi au dimanche de mai à octobre. Quant à la place de Paris, elle sera réaménagée en place publique plus accueillante et conviviale avec son environnement.
Actions entreprises pour conserver le Marché du Vieux-Port
En plus des actions spécifiques décrites ci-après, à plusieurs reprises au cours des dernières années, le CCVQ s’est présenté en délégation au Conseil municipal et aux assemblées du Conseil d’arrondissement La Cité-Limoilou pour faire valoir sa position sur la fermeture du Marché du Vieux-Port.
- 20 mai 2010; l’Université Laval organise un groupe de discussion pour connaître la satisfaction des usagers envers le Marché du Vieux-Port.
- 2015; Mme Claude Audet-Robitaille, résidante du Vieux-Québec initie une pétition pour le maintien du Marché. Quelques 10 000 personnes ont signé les pétitions papier et électronique.
- 4 mai 2015; lors de l’assemblée du Conseil municipal, l’opposition dépose un avis de proposition pour que le marché soit maintenu sur son site actuel. Cette proposition est rejetée par les conseillers de l’équipe Labeaume (DE2015-072).
- 17 mai 2016; le CCVQ tient un 5 à 7 bénéfice pour mobiliser les citoyens afin de maintenir ouvert le Marché du Vieux-Port sur son site actuel. Plus de cent personnes sont venues appuyer et soutenir la démarche. Diverses associations, des citoyens du Vieux-Québec et les commerçants du marché comptent sur l’action du CCVQ.
- 2 juin 2016; le CCVQ dépose au Conseil municipal les pétitions qui ont recueilli 10 000 signatures.
- Automne 2016; le CCVQ réalise un sondage auprès des commerçants du Marché du Vieux-Port. Vingt-cinq d’entre eux ont répondu:
- les commerçants veulent rester sur le site actuel;
- le marché doit être rénové;
- l’horaire (heures et jours d’ouverture) du marché doit être flexible;
- la Ville doit reconnaître que le Marché est un attrait touristique incontournable et que l’apport des croisiéristes est important;
- certains commerçants souhaitent avoir un stand plus grand pour bonifier et diversifier leur offre;
- deux commerçants voudraient quelques places de stationnement supplémentaires;
- un commerçant se plaint du stationnement pour la livraison
- les commerçants souhaitent que soit revu le mode de gestion de la Coopérative des Horticulteurs de Québec.
- 12 décembre 2016; lors d’une conférence de presse, le chef Daniel Vézina, Marc Engel, copropriétaire de La réserve, et Jean Rousseau, prés. du CCVQ, s’objectent au déménagement du Marché du Vieux-Port sur le site ExpoCité. Ils dévoilent une étude, gardée secrète, réalisée par Desjardins Marketing Stratégique pour le compte de la Coopérative des horticulteurs de Québec qui remet en question le bien-fondé du projet du Grand Marché. Selon l’étude, 61% des 400 citoyens interrogés seraient peu ou pas intéressés par le Grand Marché.
- 19 juin 2017; lors d’une conférence de presse, Me François Marchand, avocat spécialisé en droit municipal, annonce qu’il a intenté une procédure judiciaire contre la Ville et la Coopérative des Horticulteurs de Québec. La procédure est fondée sur les obligations de la Ville découlant du contrat de cession intervenu en 2013 avec le Gouvernement du Canada.
- 25 octobre 2017; le CCVQ produit un rapport exposant sa position de conserver le marché sur son emplacement actuel tout en bonifiant l’offre de produits et en rénovant l’édifice. Ce rapport, rédigé par Hélène Long et Jean Rousseau, a été transmis à la Ville qui n’a jamais envoyé d’accusé réception. Jean Rousseau rappelle que la fermeture annoncée du Marché est basée sur trois faux prétextes. « Des élus ont affirmé publiquement que la structure était défaillante selon des études d’ingénierie. FAUX, il n’y a pas eu de telles études. Il manquerait de stationnements. FAUX, la ville a elle-même amputé les espaces de stationnement prévus en 2005 de 250 à 160 cases et la Coopérative des Horticulteurs de Québec accumule la neige sur certaines cases l’hiver. Il n’y aurait pas de capacité de développement. FAUX, il existe des plans et devis pour mettre à niveau les installations, permettant ainsi à des commerces nécessitant de la préparation alimentaire de s’installer. »
- 27 février 2018; Radio-Canada dévoile les résultats d’un sondage effectué par la firme SOM auprès de 884 répondants. 65% des personnes interrogées estiment qu’elles iront rarement au Grand Marché et 16% affirmant qu’elles n’iront jamais.
- 17 septembre 2018; les deux partis d’opposition au Conseil municipal tiennent une conférence de presse au Marché du Vieux-Port pour s’opposer à sa fermeture. Le CCVQ participe à l’évènement et joint sa voix aux trois conseillers (Jean-François Gosselin, Stevens Melançon, Jean Rousseau).
- 17 septembre 2018; les deux partis d’opposition déposent au Conseil municipal un avis de proposition pour s’opposer à la fermeture du Marché du Vieux-Port. La requête est violemment dénigrée et repoussée par le maire et ses conseillers. Lors de la période de questions ouverte au public, le président du CCVQ demande au maire de conserver le Marché du Vieux-Port sur le site actuel et d’aménager une place publique grandiose à la place de Paris plutôt qu’un marché saisonnier. Le maire repousse la suggestion en utilisant les mêmes arguments qu’il a servis au chef de l’opposition.
Un marché saisonnier au Vieux-Port
Le 5 novembre 2018, lors d’une conférence de presse à l’Hôtel de Ville, le CCVQ apprenait avec étonnement que ses démarches et sa ténacité portées à bout de bras au cours des dernières années avaient porté fruit. En effet, contre toute attente, la Ville annonçait à la surprise générale que le projet tant promu par le maire d’un marché saisonnier à la place de Paris était finalement abandonné. La place de Paris serait plutôt réaménagée en place publique conviviale.
Les raisons justifiant cette volte-face sont les risques récurrents d’inondation printanières qui empêchent tout enfouissement électrique, les forts vents qui sévissent régulièrement sur la place et l’incongruité des auvents temporaires au coeur d’un site historique entouré d’édifices patrimoniaux. Ce sont tous des arguments qui avaient déjà été énoncés par les opposants au projet du maire.
La Ville annonçait que le marché saisonnier serait aménagé sur le site actuel du Marché du Vieux-Port. Le bâtiment existant serait malheureusement démoli et remplacé par une tente temporaire. Le marché saisonnier regrouperait 20 commerçants et serait ouvert du jeudi au dimanche de mai à octobre.
Cette conclusion ne satisfaisait pas complètement le CCVQ. Certes nous conservions un marché sur le site actuel du Vieux-Port. Nous osions croire que les dernières interventions du 17 septembre au Conseil municipal avaient fait réfléchir la Ville. Par contre, les résidants du Vieux-Québec perdaient au change. Nous perdions un marché permanent ouvert à l’année et nous perdions une offre abondante de commerçants. Cette « demi-victoire » du CCVQ et de tous ses partenaires qui l’ont accompagné au cours de cette lutte était douce amère.
Tout en considérant le revirement important effectué par la Ville, le CCVQ avait l'intention de continuer d'oeuvrer afin d’obtenir un marché permanent au Vieux-Port.
Le 1er avril 2019, lors d’une visite du chantier, la Ville annonçait la date d’ouverture du Grand Marché et du même coup le couperet tombait sur le marché du Vieux-Port. Son arrêt de mort était signé pour le 12 juin 2019. De plus, sa démolition serait très rapide pour éliminer tout espoir de retour. Sur le site, la Ville prévoyait aménager dans les jours suivants un marché saisonnier, sous la tente, qui serait une pâle vitrine du Grand Marché et loin derrière l’offre alimentaire qui était encore disponible quelques mois auparavant.
En réaction à cette annonce, le 6 avril, le CCVQ exprimait dans le quotidien Le Soleil son amertume et rappelait toutes les démarches entreprises aux cours des années pour conserver le marché au Vieux-Port. Le CCVQ évoquait également la perte d’un service de proximité essentiel pour le quartier.
Démarche juridique contre la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port
Le 13 mai 2019, Me François Marchand, avocat spécialisé en droit municipal et résident du Vieux-Québec, déposait à la Cour supérieure une demande d’injonction interlocutoire contre la Ville et la Coopérative des Horticulteurs de Québec. Il souhaite obtenir une ordonnance pour empêcher la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port. Il appuie sa demande sur l’entente intervenue en 1987 entre la Ville et le Gouvernement fédéral lors de la vente du terrain où est situé le marché.
Selon Me Marchand, l’entente précise que la Ville doit y maintenir un marché public, ce que ne serait pas un marché saisonnier tel que le projette l’administration municipale. Il s’agit alors d’un préjudice qui prive les citoyens du secteur d’un véritable marché. De plus, la démolition rapide du bâtiment empêcherait le rétablissement d’un marché si la cour entendait la cause et lui donnait raison.
Par la voie d’une lettre parue dans Le Soleil du 16 mai, le CCVQ a donné son appui à cette ultime tentative de conserver au Vieux-Port un marché public de proximité pour les résidents du Vieux-Québec.
Le 7 juin 2019, la demande de Me Marchand a été entendue à la Cour supérieure:
- l’injonction provisoire pour empêcher la démolition du bâtiment a été rejetée en raison de l’absence d’urgence;
- l’injonction permanente contre la fermeture du marché a été suspendue;
- la requête en irrecevabilité à l’effet que la Ville rejette la prétention de Me. Marchand d’être affecté par la fermeture du marché a été reportée au 20 juin.
Entre temps, la juge a exigé que la Ville s’engage à ne pas démolir le bâtiment d’ici cette date et aussi longtemps que le jugement sur la requête en irrecevabilité n’aura pas été émis. La juge a aussi exigé que la Ville s’engage à maintenir les services (électricité, eau) dans le bâtiment tant qu’il ne sera pas démoli. La juge a aussi exigé que la Ville s’engage à permette aux marchands qui le désireront de demeurer dans le bâtiment en attente du jugement sur la requête.
Mince victoire pour les résidents. Même si le marché pouvait demeurer ouvert jusqu’au 20 juin, la majorité des marchands avaient déjà quitté les lieux pour s’installer au Grand Marché.
Lors de l’audience du 20 juin, la Ville n’a pas réussi à faire rejeter la recevabilité du pourvoi de Me Marchand. La juge a écouté les plaidoiries de chacune des parties. Devant l’insistance de la Ville, qui voulait démolir rapidement le bâtiment, la juge a répondu qu’elle prendrait le temps qu’il faudrait pour rédiger son jugement. Tant que le jugement final n’était pas rendu, la Ville devait maintenir le bâtiment en bon état et ne pas l’altérer. En réaction à cette décision, le conseiller Jean Rousseau a mentionné qu’il demanderait à la Ville d’installer le marché saisonnier dans le bâtiment actuel.
Le 2 juillet 2019, la Coopérative des Horticulteurs de Québec annonçait, qu’en raison de la démarche juridique et de l’impossibilité de démolir le bâtiment du Marché du Vieux-Port, l’aménagement d’un marché saisonnier tant promis était reporté à 2020.
Le CCVQ a exprimé sa grande déception dans une lettre parue dans Le Soleil du 4 juillet. Cette décision privait les résidents d’un accès à des produits maraîchers frais dans leur quartier; les citoyens attendaient cet équipement. Nous ne comprenions pas pourquoi le marché saisonnier ne pouvait pas être installé dans une section du bâtiment actuel au Vieux-Port. Quelques semaines auparavant, les marchands et les producteurs y étaient installés. Le bâtiment n’était pas sur le point de s’effondrer. Il pouvait servir encore une saison en attendant que les procédures judiciaires soient complétées. Nous demandions donc à la Ville de considérer cette proposition afin de respecter son engagement.
Le 4 juillet, la Cour supérieure a rejeté la demande en irrecevabilité de la Ville et interdisait à l’administration municipale de démolir le bâtiment. L’audition de la demande d’injonction permanente était reportée à l’automne.
Entre temps, plusieurs citoyens se sont exprimé dans les journaux quant à la perte du Marché du Vieux-Port.
Le 15 novembre 2019, la Cour supérieure a rejeté la demande d’injonction permanente de Me Marchand. Ses prétentions à l’effet que le marché saisonnier prévu par la Ville sur le site ne correspondait pas à l’entente de 1987 entre la Ville et le Gouvernement fédéral n’ont pas été retenues. Selon le magistrat, considérant que l’entente ne décrit pas le type de marché qui devait être aménagé sur le site, chacune des parties respectait donc l’esprit du contrat qui les liait.
Le 10 décembre 2019, Me Marchand indiquait qu’il renonçait à faire appel, ce qui mettait fin à la saga judiciaire du Marché du Vieux-Port.
Dernier geste d’appui
Le 11 juin 2019, pour souligner la fermeture officielle du Marché du Vieux-Port, le CCVQ a organisé un pique-nique sur les lieux. Même si seulement quelques citoyens ont pu se présenter malgré le mauvais temps, la symbolique du geste était importante pour montrer notre attachement et notre volonté de maintenir les activités jusqu’à la fin. En quittant les lieux, le CCVQ a salué et remercié chacun des quelques marchands qui étaient encore présents.
Le même jour, le CCVQ faisait paraître dans Le Soleil une lettre de remerciement de la part des résidents du quartier et des citoyens de Québec à tous les marchands et les producteurs maraîchers qui avaient oeuvré sur le site du Marché du Vieux-Port au cours des trente dernières années.
Le 12 juin 2019, le Marché du Vieux-Port cessait officiellement ses opérations. Le bâtiment avait été vidé de tous ses occupants et le lieu était désert.
Démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port
Le 2 décembre 2019, le Conseil municipal a entériné la décision de soumettre au Conseil d’agglomération l’autorisation pour la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port.
Le conseiller Jean Rousseau a mentionné sa déception quant à cette décision soulignant que le bâtiment qui n’a jamais fait l’objet d’une analyse pour justifier sa démolition ne soit pas recyclé pour servir à d'autres usages au bénéfice des résidents du quartier. À cela, Mme Marie-José Savard, vice-présidente du Comité exécutif de la Ville, a indiqué que le bâtiment avait manqué « d’amour » au cours des années et qu’il était préférable de le démolir pour faire place à quelque chose d’exceptionnel car la Ville avait de grandes ambitions pour le site. Le CCVQ s’est interrogé sur la signification du « quelque chose d’exceptionnel » car aucune autre explication n’a alors été fournie.
Le chef de l’opposition et les conseillers indépendants se sont levé pour mentionner leur désarroi sur la démolition du bâtiment et la désolation du lieu. Ils ont aussi voté contre la démolition du bâtiment!
Le vendredi 13 décembre 2019 débutait la démolition du bâtiment du Marché du Vieux-Port.
Le CCVQ, accompagné du conseiller Jean Rousseau et de Me Marchand, était sur place pour assister à l’opération. Le CCVQ a fait part de sa tristesse aux médias qui étaient présents pour témoigner de « l’évènement » et de la fin d’une époque.
En décembre et janvier, le CCVQ est allé régulièrement sur le site de démolition voir l’avancement de la destruction. Le 17 décembre, il a constaté que les enseignes du marché étaient remisées à l’intérieur de l’édifice. Semblant toujours être en bon état, le CCVQ en informa le conseiller Jean Rousseau en lui proposant qu’elles pourraient être récupérées et être utilisées par la Ville pour le marché saisonnier. Elles pourraient aussi être envoyées au Musée de la civilisation; elles sont des objets historiques et constituent une page d’histoire de la Ville. M. Rousseau a communiqué avec la Ville pour les sensibiliser à la situation. Le 20 décembre, le CCVQ a constaté que les enseignes n’étaient plus dans le bâtiment. Pour l’instant, le CCVQ ignore ce qu’elles sont devenues.
La démolition du bâtiment a été complétée au début de janvier 2020.
En avril 2020, une fois la neige fondue, une visite sur les lieux a montré la désolation qui subsiste après la démolition du bâtiment. Seuls vestiges de l’existence d’un marché: un panneau décrivant les anciens marchés de Québec et une plaque de rue indiquant le nom de la place aménagée à l’avant du bâtiment (voir photos.)
En attente du marché saisonnier du Vieux-Port
Le 10 janvier 2020, paraissait dans Le Soleil une lettre du CCVQ dans laquelle il mentionnait à nouveau son désarroi quant à la perte d’un équipement de proximité essentiel à la vitalité du quartier historique du Vieux-Québec. Le CCVQ exprimait également les besoins pour les résidents du quartier quant au futur marché saisonnier. Celui-ci devrait proposer une offre alimentaire diversifiée et abondante qui ferait en sorte que les résidents du quartier retrouvent le chemin du marché et aient le goût de venir s’y approvisionner en produits frais. Il faudrait éviter à tout prix en faire uniquement une vitrine de certains produits recherchés par les touristes. D’autres commerces dans le Vieux-Québec répondent déjà à cette préoccupation. La vision de ce marché, même s’il n’était que saisonnier, devrait être élaborée en fonction des besoins essentiels des citoyens. Il devrait être pensé pour les citoyens. Ce serait alors son gage de succès. Voir ce que mangent au quotidien les citoyens d’une ville fait aussi partie intégrante d’une visite culturelle. Un centre-cille sans marché public est alors amputé d’une partie visible de sa vie.
D’ici l’ouverture du marché saisonnier qui était envisagée à l’été 2020, il était encore temps pour la Ville et la Coopérative des horticulteurs de Québec d’imaginer et de concevoir une offre alimentaire qui serait gagnante pour les résidents et les producteurs et qui viendrait combler en partie la perte du Marché du Vieux-Port. La balle était maintenant dans leurs mains, en espérant qu’ils ne l’échappent pas…
Le 20 janvier 2020, lors de la séance du Conseil municipal, le CCVQ a interpellé le maire pour savoir s’il y aurait un marché saisonnier à l'été au Vieux-Port maintenant que le bâtiment était démoli. Le maire a alors répondu que le CCVQ devait poser cette question au conseiller Jean Rousseau. S'il n’y avait pas eu de marché saisonnier en 2019, c’était de sa faute et de son appui à Me. Marchand qui a contesté la démolition du bâtiment. Et il a même ajouté qu’avec le succès du Grand Marché l’appétit des producteurs pour un marché saisonnier a beaucoup fléchi. Il a conclu en disant qu’il n’avait aucune idée de ce qui arriverait avec le projet de marché saisonnier.
La réponse du maire a été un choc. Que voulait-t-il dire exactement?
Le 4 mai 2020, le CCVQ a reçu la réponse à la question écrite qu’il avait soumise au Conseil municipal du 20 avril. Tout un choc!
La réponse de Mme Marie-Josée Savard, vice-présidente du Comité exécutif de la Ville, a confirmé qu’il n’y aurait pas de marché saisonnier sur le site du Vieux-Port en 2020. Deux raisons ont été invoquées: les consignes de sécurité de la COVID-19 et l’achalandage touristique des croisiéristes qui sera inexistant durant l'année.
Ces deux raisons nous ont semblé inappropriées. Mme Savard indiquait que la Coopérative horticole de Québec ne pouvait aménager un marché saisonnier au Vieux-Port à cause des consignes sanitaires de distance entre les personnes. Au même moment la Ville encourageait les citoyens à fréquenter le Grand Marché et le Marché de Ste-Foy, qui ont ouvert plutôt en 2020. Le CCVQ ne comprenait pas pourquoi les consignes de distance entre personnes qui s’appliquaient également à ces deux marchés n’empêchaient pas leur ouverture mais bloquaient celle d’un marché saisonnier au Vieux-Port.
Quant à l’autre raison, le CCVQ constatait que le projet mijoté par la Ville et la Coopérative horticole de Québec n’a jamais été un marché pour les résidents, mais une vitrine pour les touristes et les croisiéristes. D’ailleurs, au départ, le marché saisonnier devait être installé à la Place de Paris.
Le maire avait donc raison quand il a répondu au CCVQ en janvier dernier. La Ville et la Coopérative horticole de Québec n’ont jamais eu l’intention d’aménager un marché public pour les résidents du quartier sur le site du Vieux-Port. La démolition du bâtiment a clos le dossier définitivement.
En 2019, la Ville avait invoqué la débat juridique pour justifier l’absence d’un marché saisonnier. En 2020, elle a invoqué la COVID-19. Quelle sera la raison dans le futur?
Afin d’apporter un baume sur la déception des résidents, la Ville a laissé sous-entendre que le projet de Urbainsculteurs, qui occupera désormais le site, pourrait peut-être permettre l’aménagement de quelques espaces pour un jardin communautaire dédié aux citoyens. De plus une place éphémère devrait être aménagée au cours de l’été.
Le 14 mai 2020, paraissait dans Le Soleil une lettre du CCVQ « Marché saisonnier du Vieux-Port - une autre déception! » dans laquelle il manifestait à nouveau son désarroi suite aux confirmations reçues de la Ville à l’effet que, pour une deuxième année consécutive, il n’y aurait pas de marché saisonnier au Vieux-Port. Les raisons invoquées sont les mesures de sécurité qui devraient être mises en place dans le cadre du déconfinement de la COVID-19 et la clientèle des croisiéristes qui sera inexistante au cours des prochains mois.
La lettre a aussi été déposée sur notre page Facebook entraînant plusieurs réactions.
Le 19 mai, le CCVQ a reçu la réponse à la question écrite qu’il avait soumise au Conseil municipal du 4 mai. La réponse de Mme Émilie Villeneuve reprenait les informations déjà reçues dans la réponse de Mme Savard quand au fait qu’il n’y aurait pas de marché saisonnier au Vieux-Port en 2020.
Projet de Urbainsculteurs
En janvier 2020, le CCVQ apprenait « par la bande » que l’organisme Urbainsculteurs avait proposé à la Ville un projet pour l’utilisation du site du Marché du Vieux-Port.
Les Urbainsculteurs est un organisme à but non lucratif (OBNL) qui, depuis 2009, fait la promotion de l’agriculture urbaine dans la grande région de la Capitale-Nationale (jardin en façade de l’Assemblée Nationale, potager sur l’hôtel du Vieux-Québec et sur le toit de Lauberivière).
Constatant que les banques alimentaires ne répondaient pas à la demande et étaient obligées d’acheter des légumes chez des grossistes, l’organisme souhaitait aménager une ferme urbaine à vocation sociale. Les récoltes seraient destinées aux personnes dans le besoin. Pour ce faire, ils ont proposé d’installer jusqu’à 1000 bacs sur le site de l’ancien Marché du Vieux-Port. Et la production serait vendue à des prix avantageux aux organismes en sécurité alimentaire.
En janvier 2020, le CCVQ apprenait « par la bande » que l’organisme Urbainsculteurs avait proposé à la Ville un projet pour l’utilisation du site du Marché du Vieux-Port.
Les Urbainsculteurs est un organisme à but non lucratif (OBNL) qui, depuis 2009, fait la promotion de l’agriculture urbaine dans la grande région de la Capitale-Nationale (jardin en façade de l’Assemblée Nationale, potager sur l’hôtel du Vieux-Québec et sur le toit de Lauberivière).
Constatant que les banques alimentaires ne répondaient pas à la demande et étaient obligées d’acheter des légumes chez des grossistes, l’organisme souhaitait aménager une ferme urbaine à vocation sociale. Les récoltes seraient destinées aux personnes dans le besoin. Pour ce faire, ils ont proposé d’installer jusqu’à 1000 bacs sur le site de l’ancien Marché du Vieux-Port. Et la production serait vendue à des prix avantageux aux organismes en sécurité alimentaire.
Même si ce projet n’avait pas encore été officiellement annoncé par la Ville, il en a été question dans un article de François Bourque publié dans Le Soleil du 18 avril 2020 sous le titre « Le retour des « jardins de la Victoire ».
Le 22 avril, dans un article de Valérie Marcoux paru dans Le Soleil, énumérant les actions que l’administration municipale comptait réaliser pour dynamiser la Ville au cours des prochains mois suite au confinement de la COVID-19, le projet de Urbainsculteurs sur le site du Marché du Vieux-Port était décrit. De plus, il était mentionné que la Ville y consacrerait $90 000/an pendant 3 ans.
Même si, à prime abord, le projet est louable, il ne donne rien aux résidents du Vieux-Québec qui ont perdu un marché public qui était très fréquenté et fonctionnait très bien depuis plus de trente ans.
La réponse que le CCVQ a obtenue de la Ville le 4 mai a confirmé la réalisation de ce projet et mis fin aux espérances d’un marché saisonnier pour les résidents à cet endroit, conformément à l’engagement de la Ville.
Sur son site, la Ville faisait mention du projet des Urbainsculteurs: « Le site de l’ancien Marché du Vieux-Port sera quant à lui utilisé pour venir en aide aux personnes vulnérables. Les Urbainsculteurs y installeront plusieurs bacs de culture maraîchère, dont les récoltes seront destinées à des organismes communautaires. »
En juin 2020, le projet des Urbainsculteurs a pris forme sur le site du Marché du Vieux-Port. L’article paru dans Le Soleil du 18 juin « Un jardin pousse au Bassin Louise » ne faisait aucunement mention si des espaces de culture seraient réservés aux résidents comme l’administration municipale l’avait laissé sous-entendre dans l'échange de courriels que le CCVQ avait eu avec la Ville. Encore une promesse flouée.
À l’été 2020, les espaces de culture réservés aux résidents ne se sont pas concrétisés. Il en a été de même pour le comptoir de vente des produits cultivés.
Épilogue
En juin 2020, les citoyens apprenaient que la Ville accordait un prêt de $300 000 à la Coopérative des horticulteurs pour la relance du Grand Marché. La Ville acceptait aussi de rayer les 1,7M$ en redevance que devait lui remettre la Coopérative des horticulteurs jusqu’en 2022. L’organisme était à cours de liquidité. La durée de mise en oeuvre de son plan d’affaires aurait été sous-estimée. À ce problème de gestion s’ajoutait les conséquences de la pandémie.
Le CCVQ et plusieurs citoyens ont été choqués en apprenant cette nouvelle. Les problèmes d’achalandage du Grand Marché avaient pourtant été évoqués bien avant son ouverture. Cette situation fait contraste avec celle de l’ancien Marché du Vieux-Port dont la santé financière était en excellente santé avant sa fermeture.
Le 17 octobre 2020, le directeur général du Grand Marché a été démis de ses fonctions. Un directeur par intérim a rapidement été nommé.
Le départ du directeur général a soulevé de vives débats au Conseil municipal du 19 octobre.
Le 25 février 2021, un article paru dans Le Soleil annonce que le Grand Marché a une nouvelle directrice générale. Il s’agit de Mme Jade-Éva Côté-Rouillard, ancienne directrice des communications de l’organisation.