projet laurentia
En novembre 2020, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada a publié un rapport provisoire d’évaluation environnementale sur le Projet Laurentia de l’Administration portuaire de Québec. En corrélation avec les nombreuses opinions négatives exprimées, le CCVQ a tenu lui aussi à souligner les effets que le projet aura sur le Vieux-Québec en soumettant un rapport à l’Agence.
Description du projet
Le projet de modification des activités de l’Administration portuaire de Québec a beaucoup évolué depuis sa première présentation il y a quelques années. Au départ, le projet portait le nom Beauport 2020 et visait le prolongement du quai de Beauport pour y aménager trois zones afin de transborder des matières en vrac (solide et liquide) et des conteneurs. À la suite d’une première étude d’impact environnemental démarrée en 2015, l’Administration portuaire a modifié son projet. Celui-ci, afin de répondre davantage aux nouveaux besoins économiques identifiés par l’organisme, est devenu le Projet Laurentia orienté plutôt vers la manutention exclusive de conteneurs.
Le projet de modification des activités de l’Administration portuaire de Québec a beaucoup évolué depuis sa première présentation il y a quelques années. Au départ, le projet portait le nom Beauport 2020 et visait le prolongement du quai de Beauport pour y aménager trois zones afin de transborder des matières en vrac (solide et liquide) et des conteneurs. À la suite d’une première étude d’impact environnemental démarrée en 2015, l’Administration portuaire a modifié son projet. Celui-ci, afin de répondre davantage aux nouveaux besoins économiques identifiés par l’organisme, est devenu le Projet Laurentia orienté plutôt vers la manutention exclusive de conteneurs.
Même sous un nouveau nom, le projet consiste toujours à prolonger de 610 m. le quai actuel pour qu’il s’avance plus loin en eau profonde dans la Baie de Beauport. Le projet inclut aussi la construction de voies ferrées et d’accès routiers ainsi que la reconfiguration des accès au boulevard Henri-Bourassa. De plus, les terrains actuels du port seront réaménagés entraînant la relocalisation d’une partie de la zone récréotouristique de la Baie de Beauport pour permettre l’entreposage des conteneurs vides.
La vidéo ci-après, produite par l’Administration portuaire de Québec, présente l’ensemble du projet.
D’un coût estimé à 775 M$, le projet transformera grandement la configuration actuelle de la Baie de Beauport et bouleversera sérieusement le transport routier et ferroviaire du secteur Maizerets du quartier Limoilou. La mise en service des nouvelles installations est prévue pour 2025.
Étant depuis plusieurs années un membre actif du Comité Cohabitation Port-Communauté, créé par l’Administration portuaire de Québec afin d’initier un dialogue entre les différents partenaires et intervenants du milieu, le CCVQ, à plusieurs reprises lors des rencontres, a déjà indiqué ses préoccupations quant au Projet Laurentia ou son prédécesseur.
Consultations publiques et appuis
Le 29 mai 2019, l’Agence d'évaluation d’impact du Canada débutait une évaluation environnementale fédérale pour le Projet Laurentia, soit l’aménagement d’un quai en eau profonde dans le port de Québec-secteur Beauport. Les personnes et organismes intéressés avaient jusqu’au 28 juin 2019 pour formuler des commentaires sur les effets environnementaux potentiels du projet
Au cours des mois qui ont suivi, plusieurs administrations se sont prononcées en faveur du Projet Laurentia, dont le Gouvernement du Québec qui, sur le plan commercial, y voit une opportunité pour les entreprises de la région d’exporter davantage leurs produits sur les marchés européens et asiatiques et d’accéder plus rapidement au Midwest américain.
Le Projet Laurentia a aussi reçu l’appui de 170 villes, municipalités et MRC de la Capitale-Nationale, du Centre du Québec, de Chaudière-Appalaches, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Pour ces administrations municipales le nouveau terminal de conteneurs constituerait un atout de taille pour les entreprises présentes sur leur territoire et permettrait à de nouvelles entreprises de profiter des marchés internationaux. Le terminal participerait ainsi au développement de ces régions et contribuerait à la relance économique du Québec.
En juillet 2020, le Grand Chef de la Nation huronne-wendat a donné son appui au Projet Laurentia en précisant l’importance du port pour le développement des entreprises de la communauté avec le commerce international. Cet appui a été réitéré en mars 2021 par le nouveau conseil et le nouveau Grand Chef.
Rapport provisoire
Le 16 novembre 2020, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada publiait un rapport provisoire qui soulignait les impacts négatifs importants que le Projet Laurentia aurait, entre autres, sur la faune aquatique, la qualité de l’air, la circulation des camions, et la qualité de vie des quartiers limitrophes de Limoilou et de Maizerets.
De nombreux commentaires et critiques ont été exprimés dans les médias conséquemment à la publication du rapport provisoire. La plupart des opinions exprimées étaient négatives en conformité avec les conclusions de l’Agence.
De plus, plusieurs conseillers de la Ville de Québec, tout parti confondu, ont retiré leur appui au projet. Ainsi, malgré l’appui indéfectible au projet du maire Régis Labeaume, Mme Suzanne Verreault, représentante du district Limoilou et responsable des dossiers sur l’environnement, a pris la décision de se ranger derrière les résidents de son quartier et de ne pas appuyer le projet. Mme Geneviève Hamelin, représentante du district Maizerets-Lairet a pris la même décision que sa collègue. Les arguments justifiant la prise de position des deux conseillères concernent les effets importants sur le bruit, l’augmentation du camionnage et la pollution de l’air qui sont déjà des impacts que subissent leurs quartiers par les activités du Port et qui seront aggravés par le projet.
Les conseillers Pierre-Luc Lachance du district St-Roch-St-Sauveur et Jérémie Ernould du district Robert-Giffard se sont joints à leurs deux collègues et ont indiqué également leur opposition au projet.
Les conseillers de l’opposition de Québec21 se sont aussi clairement prononcés contre le projet. Et le conseiller Jean Rousseau de Démocratie Québec ne s’est pas montré très favorable au projet.
Par l’entremise des conseils de quartier les citoyens des quartiers limitrophes au Port de Québec se sont opposés au projet.
Dans un communiqué de presse, les membres du Comité de vigilance des activités portuaires (CVAP) ont unanimement voté contre le Projet Laurentia. De plus, le CVAP « demande au Gouvernement du Québec et à la Ville de Québec de retirer leur appui et recommande au Gouvernement du Canada de ne pas autoriser l’exécution du projet Laurentia. »
Le 20 novembre 2020, dans un communiqué de presse, l’Administration portuaire de Québec donnait son point de vue sur le rapport provisoire de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC). Elle estimait que le rapport « est incomplet, omet plusieurs faits importants et soumet plusieurs hypothèses qui ne sont fondées sur aucun fait vérifié et établi. » (voir document)
Lors d’une réunion du Comité Cohabitation Port-Communauté tenue quelques jours auparavant, l’Administration portuaire de Québec avait présenté les mesures qui seraient mises en place pour répondre aux impacts identifiés dans le rapport provisoire. (Voir document)
Mémoire du CCVQ
C’est dans ce contexte particulier que le CCVQ a tenu lui aussi à souligner les effets que le Projet Laurentia aura sur le Vieux-Québec.
En effet, le rapport provisoire était soumis à la consultation publique jusqu’au 16 décembre 2020. L’Agence d’évaluation d’impact du Canada permettait aux citoyens et aux organismes désireux de le faire de réagir au contenu du rapport provisoire, de soumettre des commentaires et de donner leur point de vue sur le projet.
Le 15 décembre 2020, le CCVQ transmettait son mémoire à l’Agence pour signifier sa position sur le Projet Laurentia. (Voir document)
Tel qu’appréhendé dans le rapport provisoire de l’Agence, le CCVQ considère que le Projet Laurentia aura un impact sur le quartier historique et patrimonial du Vieux-Québec, reconnu ville du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985.
Parmi les effets environnementaux négatifs soulignés par l’Agence deux affecteraient directement le quartier du Vieux-Québec, même si le projet semble être assez éloigné du site patrimonial. Ainsi, le quartier serait touché par les effets sur la santé humaine découlant entre autres du bruit causé par les activités du port (circulation des véhicules lourds) et par les effets sur le patrimoine naturel provoqués par la modification du paysage et des percées visuelles occasionnée, entre autres, par la mise en place de hautes grues pour le transbordement des conteneurs.
Ainsi, pour les raisons énumérées ci-après, le CCVQ a indiqué à l’Agence qu’il ne pouvait appuyer le Projet Laurentia qui affecterait la qualité de vie des résidents et l’expérience vécue par les nombreux visiteurs:
- Pour les résidents du Vieux-Québec la circulation des véhicules lourds sur les rues Saint-Paul, Dalhousie et le boulevard Champlain les inquiètent énormément. Le bruit, la pollution et le danger que cela amène pour le déplacement des piétons et des cyclistes sont des impacts non négligeables pour la qualité de vie des citoyens. Malgré les mesures demandées à l’Administration portuaire pour que les camions qui transporteront les conteneurs évitent le réseau routier urbain, il n’y a aucune certitude que des camions n’utiliseront pas un chemin plus court pour se rendre à leur destination en passant, entre autres, par le boulevard Champlain. Par conséquent, la circulation des véhicules lourds dans le Vieux-Québec basse-ville risque d’accroître avec le Projet Laurentia en augmentant les inconvénients déjà existants.
- Les impacts sur le paysage et les percées visuelles inquiètent le CCVQ au plus haut point. Le promontoire du Cap Diamant, le fleuve Saint-Laurent et les Laurentides sont des paysages emblématiques reconnus qui font la renommée de la Ville. Les vues magnifiques sur ces paysages seront malheureusement altérées de façon irréversible par le Projet Laurentia. La vue à partir du promontoire de Québec sera affectée par le prolongement du quai dans le fleuve Saint-Laurent et les équipements nécessaires au transbordement des conteneurs. Ces mêmes équipements et l’écran visuel acoustique prévu à la Baie de Beauport nuiront à la vue du Vieux-Québec à partir de ce lieu. L’expérience contemplative vécue par les citoyens et les visiteurs qui fréquentent les points d’observation recherchés que sont la Terrasse Dufferin, la rue des Remparts et la Pointe-à-Carcy sera grandement dégradée. Cette éventualité ne doit donc pas être négligée. La renommée des paysages de Québec en dépend.
- Le CCVQ est extrêmement préoccupé par le réaménagement de la Baie de Beauport, lieu très attractif pour l’accès au fleuve et la vue sur Québec.
À la suite de l’envoi du mémoire à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, le CCVQ a fait connaître publiquement sa position sur le Projet Laurentia. Celle-ci a été publiée le 17 décembre 2020 dans Le Soleil.
Par la suite, l’article du journal a été déposé sur notre page Facebook pour faire connaître notre point de vue à nos membres.
Réplique de l’Administration portuaire de Québec
En janvier 2021, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada a informé l’Administration portuaire de Québec qu’elle retardait la publication de son rapport final sur le Projet Laurentia afin de leur permettre d’améliorer leur projet, de poursuivre le dialogue avec la communauté et de préciser les modifications qu‘elle peut apporter à ses opérations pour améliorer la cohabitation avec les résidents des quartiers limitrophes.
a) réunion spéciale avec le CCVQ
Le 9 février 2021, dans le cadre d’un processus de rencontres avec les organismes citoyens qui ont déposé un mémoire à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, le Port de Québec a interpellé le CCVQ pour planifier une rencontre virtuelle afin de discuter du Projet Laurentia et de répondre à ses préoccupations soulevées dans son mémoire.
Le 22 février 2021, tous les membres du CA du CCVQ ont rencontré en mode virtuel les représentants du Port de Québec afin de faire le point sur le Projet Laurentia.
La rencontre avait pour but de répondre aux appréhensions soulevées dans notre mémoire. La présentation réalisée par le Port de Québec était orientée spécifiquement vers les préoccupations soulevées dans notre mémoire.
Malgré l’effort très senti pour tenter d’atténuer nos craintes face au projet, le CCVQ a réitéré qu’elles étaient toujours réelles et qu’il maintenait ses réserves. Le CCVQ conserve ses appréhensions quant aux impacts du camionnage et aux effets sur les percées visuelles. Sur ce point, les nouveaux montages visuels que le Port de Québec a présentés sont encore plus préoccupants que ceux que nous avions déjà vus dans le rapport provisoire de l’Agence. L’impact visuel de la jetée et des grues est très important.
Le bilan des rencontres du Port de Québec avec certains intervenants tels les organismes citoyens, les conseils de quartier et des élus a été inclus dans le rapport final que l’Administration portuaire a remis à la fin de mars 2021 à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada.
b) rapport final du Port de Québec
Le 31 mars 2021, l’Administration portuaire de Québec remettait son rapport final à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. (Voir document)
Tous les documents que le Port de Québec a remis à l’Agence avec son rapport final peuvent être consultés sur leur site.
Le 6 avril 2021, dans un communiqué de presse remis aux médias, le Port de Québec mentionnait que, suite aux nombreuses consultations qu’il a eues avec les citoyens, son projet déposé à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada est meilleur et bon pour l’environnement. (Voir document)
De plus, le Port de Québec réitère cette opinion positive dans une lettre publiée dans Le Soleil.
Pour le CCVQ, l’optimisme du Port de Québec est déconcertant. Il considère que le Port n’a pas bien écouté ou mal compris ce que les citoyens lui ont dit. Les impacts sur l’environnement, la sécurité routière, la quiétude des citoyens et la préservation des paysages sont toujours présents et sont trop importants pour aller de l’avant avec le projet à moins qu’il ne soit modifié ou déplacé ailleurs.
Incidence du CCVQ
Le 7 avril 2021, dans un article publié dans Le Soleil, le journaliste décrit sommairement la quarantaine de mesures d’atténuations que le Port de Québec envisage de mettre en place durant les phases de construction et d’exploitation du Projet Laurentia. Ces mesures font partie des documents que le Port de Québec a remis à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada lors du dépôt de son rapport final.
En lisant l’article, le CCVQ a pu constater que le Port de Québec souhaite aménager une voie de contournement pour éviter les quartiers centraux et rejoindre directement l’autoroute. Ceci empêcherait les camions de circuler dans les rues urbaines; ce que craignent les résidents des quartiers limitrophes. Cette solution est tout à fait la suggestion que le CCVQ avait faite lors de la rencontre du 22 février.
Épilogue
Le 3 mai 2021, un article paru dans les médias mentionnait que, malgré les documents supplémentaires transmis en mars dernier par l’Administration portuaire de Québec à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, trois ministères fédéraux n’ont pas modifié leur avis défavorable en regard du Projet Laurentia.
Santé Canada, Environnement Canada et Pêches et Océans Canada ont indiqué à l’Agence que: « Nous avons déterminé que ces informations additionnelles ne sont pas susceptibles de modifier de façon substantielle les conclusions présentées dans l’avis que nous vous avons fait parvenir ».
En réaction aux conclusions de ces trois ministères, l’Administration portuaire de Québec a émis un communiqué qui minimise la portée de leurs avis qui demeurent pourtant négatifs (voir communiqué):
Le Port de Québec tient à rappeler que l’étape actuelle n’en est qu’une parmi d’autres à venir. Le Port demeure confiant que l’AÉIC saura intégrer et considérer l’ensemble des nouvelles informations scientifiques et bonifications techniques significatives apportées au projet dans son rapport final. Le Port rappelle aussi que le processus décisionnel qui suivra le travail de l’AÉIC tiendra compte aussi d’un ensemble de données de nature économique et stratégique qui permettront de situer le projet dans son contexte le plus large et le plus complet qui soit.
L’Agence d’évaluation d’impact du Canada poursuit la rédaction de son rapport final qui est attendu au plus tard le 10 juin 2021.
À suivre...